jeudi 8 juillet 2010

La Cour des comptes épingle La Poste

INFO LE FIGARO -
Un rapport s'inquiète de la baisse accélérée de l'activité courrier et du manque de compétitivité du réseau.

Cliquez sur l'aperçu pour agrandir l'infographie «La Poste: un service public face à un défi sans précédent, une mutation nécessaire»: c'est le titre d'un projet de rapport de la Cour des comptes encore confidentiel, dont Le Figaro s'est procuré un exemplaire. La version finale, très attendue, intégrera la réponse de La Poste. Les sages de la rue Cambon dressent un état des lieux sévère. Extraits.

«Le respect du délai de distribution à J+1 stagne au niveau médiocre de 85%».

Premier constat de la Cour des comptes: malgré plus de 3,1 milliards d'investissements entre 2004 et 2010 pour moderniser le traitement du courrier (au détriment d'une politique ambitieuse de développement des relais croissance), le programme «Cap qualité courrier» a pris trois ans de retard, et La Poste conserve des retards de productivité.
La qualité de distribution à J+1 a atteint 84,4% en 2009 (contre 69,6% en 2003), respectant pour la première fois l'objectif réglementaire, mais ce taux reste inférieur à l'objectif interne du groupe, qui était de 90% en 2010.
«Le respect du délai de J+1 stagne au niveau médiocre de 85%, bien inférieur à celui observé dans la plupart des autres pays européens», souligne le projet de rapport, estimant que La Poste doit relever significativement l'objectif de qualité de la distribution en J+1. Les magistrats préconisent par ailleurs d'élargir la plage de remise du courrier «en permettant un dépôt plus tardif dans un nombre plus élevé de boîtes aux lettres».


Ces préconisations s'inscrivent sur fond de chute de l'activité courrier: entre 2003 et 2007, les volumes ont reculé de 1% environ par an. Le déclin s'est accentué en 2008 (-2,6%) et 2009 (-5,3%) et, selon La Poste, l'effondrement atteindrait 30% sur la période 2008-2015. La Cour des comptes n'exclut pas que la dégringolade puisse être plus brutale. Depuis 2003, «les réajustements tarifaires substantiels» ont permis d'atténuer ce déclin. La dernière hausse du prix du timbre date d'hier. Selon la Cour des comptes, «ces marges de manœuvre seront, dans les années à venir, fortement contraintes».

«L'attente, encore problématique et désorganisée»

Pour la Cour de comptes, La Poste doit encore améliorer l'accueil et l'attente dans ses bureaux, même si les initiatives déjà engagées commencent à porter leurs fruits: réorganisation des 1000 bureaux les plus importants, extension des horaires, développement des automates. Le temps d'attente, qui s'était dégradé de 2005 à 2008 en passant de 7,16 minutes à 8,01 minutes malgré une baisse de la fréquentation, a été significativement réduit en 2009, à 4,5 minutes dans les 1000 bureaux les plus gros, pour les opérations simples. Pour autant, l'ergonomie des automates postaux mériterait des adaptations. Il existe 17.000 points de contact, un chiffre fixé par la loi. Pour la Cour des comptes, La Poste doit aussi trouver des solutions pour les petits bureaux, où les modalités de livraison des colis aux particuliers doivent aussi être améliorées. Car si certains points de contact ont des problèmes de files attente, d'autres manquent de clients… Selon les simulations de La Poste, une optimisation commerciale conduirait à un réseau d'environ… 3000 points de vente! La Cour des comptes préconise de poursuivre leur transformation en partenariat, la France conservant une proportion de bureaux gérés en propre deux fois supérieure à la moyenne européenne.

Le niveau élevé des charges, «un handicap concurrentiel majeur».

La priorité de La Poste est de rétablir, au plus tard en 2015, une rentabilité au moins équivalente à celle de 2007. Pour la Cour des comptes, le niveau élevé des charges constitue «un handicap concurrentiel majeur». Le groupe doit faire des économies sur ses frais de personnel, mais aussi dans son réseau et en gérant mieux son patrimoine immobilier, son deuxième poste de charge. Entre 2003 et 2009, les effectifs de la maison mère ont été réduits de 14% à 248.287 personnes. «Le partage des responsabilités laisse place dans certains domaines à des recoupements inutiles», souligne la Cour des comptes, convaincue que «l'adaptation des effectifs aux évolutions va devenir une préoccupation à la fois cruciale et difficile».

(Source: Mathilde Visseyrias, Bertille Bayart -
http://www.lefigaro.fr/societes/2010/07/01/04015-20100701ARTFIG00713-la-cour-des-comptesepingle-la-poste.php)

(Par la section locale CGT de la Pic de Lesquin)

jeudi 1 juillet 2010

Fonctionnaires : pas de hausse générale de salaire en 2011

Fonctionnaires : pas de hausse générale de salaire en 2011

Eric Woerth a annoncé mercredi le gel du point d'indice en 2011. Rien n'est programmé pour 2012 et 2013, même si de nouvelles discussions auront lieu. La hausse de 0,5% du 1er juillet est maintenue. Les syndicats sont furieux.
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Régime sec pour les fonctionnaires.
Mercredi, lors de la seconde séance de négociations salariales 2011-2013, Eric Woerth, ministre de la Fonction publique, et Georges Tron, son secrétaire d'Etat, ont annoncé le gel du point d'indice (base de calcul du salaire des fonctionnaires) en 2011. Un tel gel constitue une première depuis 2003. Et pour 2012 et 2013, aucune hausse n'est programmée à ce stade. «Pour les années ultérieures (à 2011), les rendez-vous annuels, prévus dans les accords de février 2008, permettront de déterminer l'évolution du point, compte-tenu de la situation économique», indiquent simplement les ministres. Si la porte n'est pas formellement fermée, il faudrait une improbable reprise économique (plus rapide que ne le prévoit le gouvernement), ou une consolidation budgétaire spectaculaire, pour que ces deux années ne soient pas marquées par un nouvel gel du point.

Concrètement, les 5,2 millions de fonctionnaires ne bénéficieront donc d'aucune augmentation générale l'année prochaine. Dans un contexte de rigueur budgétaire, cette ligne était pressentie depuis plusieurs semaines. Elle entraînera des économies conséquentes : une hausse de 0,8% du point d'indice, comme consentie en 2007, 2008 et 2009, coûte environ 600 millions d'euros par an au seul l'Etat employeur. Seule «concession» : après avoir été tenté de revenir dessus, le gouvernement a maintenu la hausse de 0,5 % programmée depuis 2008 pour cette année. Elle entrera en vigueur, comme prévue, sur les salaires versés fin juillet.

« Un scénario d'affrontement majeur »

Les syndicats sont furieux. «Le gouvernement choisit l'épreuve de force. La RGPP, la réforme des retraites, les départs non remplacés et maintenant les salaires ! Tout s'accumule et on est désormais sur un scénario d'affrontement majeur», prévient la CGT. Ils dénoncent des «pertes programmées de pouvoir d'achat», a fortiori avec la hausse des cotisations retraite de 2011 à 2020 (0,27 point par an) dans le cadre de la réforme des retraites. Selon les syndicats, qui s'appuient sur la différence d'évolution entre le point d'indice et l'inflation, le pouvoir d'achat des agents a déjà reculé de 9% depuis 2000 et un gel triennal entraînerait un nouveau recul de 7%.

Le gouvernement réfute cette grille de lecture. Il souligne que la progression « naturelle » des salaires (à l'ancienneté et par le jeu des promotions), estimée à 1,5% à 2% par an selon les ministères, garantit le maintien du pouvoir d'achat. Et promet en outre de reconduire le dispositif de Garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa), lancé en 2008, qui permet aux agents dont le traitement augmente moins vite que l'inflation de bénéficier d'une prime de rattrapage. La Gipa pourrait coûter cher en cas de dérapage de l'inflation. L'Etat employeur risque aussi d'être confronté à un problème de tassement des bas de grilles salariales, qui, faute de revalorisation du point d'indice, ont de fortes chances de repasser sous le niveau du SMIC quand celui-ci sera revalorisé, chaque 1er janvier.

Eric Woerth et Georges Tron ont par ailleurs confirmé le maintien des autres mesures salariales déjà en vigueur ou en cours de déploiement, comme le lancement l'an prochain de l'intéressement collectif et l'extension à de nouveaux publics des primes individuelles au mérite, qui devraient bénéficier à 200.000 agents à l'horizon 2012. La plus importante de ces mesures reste le retour aux agents, sous forme de mesures catégorielles, de 50% des économies réalisées sur le non remplacement d'un départ à la retraite sur deux (500 millions par an). Au total, ce sont quelque 1,5 milliard d'euros qui devraient ainsi être reversés aux agents sur 2011-2013.

Paru le 30 juin 2010
(Source:Les Echos)

"L'insoumise"