mardi 15 septembre 2009

La Poste : vers le privé sans faire un plis ?

Var
La Poste:

Le compte à rebours a démarré. D'ici à quelques semaines, le nouveau statut de La Poste sera examiné par le Parlement.

Si tout se déroule comme le prévoit le gouvernement, La Poste, aujourd'hui Etablissement public à caractère industriel (Epic), devrait se transformer en société anonyme (SA) dès le 1er janvier 2010.
Et augmenter son capital de 2,7 milliards d'euros.
Depuis le temps qu'on en parlait et que les syndicats enrageaient face à ce qu'ils redoutent être une privatisation, d'où la mort d'un service public et la fermeture des bureaux non rentables, craignent-ils... L'échéance semble maintenant toute proche. Malgré des résistances.
« Sans Poste, il n'y a rien »
Dans les batailles pour sauver les guichets, le Var, département éminemment rural, on l'oublie trop souvent, a tenu et tient toujours sa place. Comme le résume la présidente de l'association de Rougiers pour la défense de La Poste et des services publics, Paulette Barbarroux, 70 ans passés et les convictions bien chevillées au corps : « Si, au village, on nous enlève notre Poste, on n'a plus rien ! ». Paulette a créé cette association en 2 000, quand La Poste a décidé de fermer le bureau de Rougiers (1 300 habitants), l'après-midi. « On a réussi à maintenir l'ouverture au moins le matin », rappelle Paulette. « Si on ne s'était pas mobilisé, peut-être qu'on serait devenu une simple agence postale ou pire, un relais poste dans un commerce ». De « fausses » postes, où on ne peut pas effectuer toutes les opérations. « Et quand le commerce ferme, on n'a plus rien ! » Le mauvais scénario pour Paulette.
Indispensable modernisation
Consciente que tout peut basculer avec le changement de statut, qui pointe à l'horizon, l'association de Rougiers vient d'envoyer un questionnaire à 104 communes varoises (sur 153) de moins de 3 500 habitants, pour savoir où chacune en est de ses infrastructures postales. Bilan de cette concertation : la semaine prochaine.
Robert Alfonsi, président de la Commission de présence postale territoriale (CPPT), qui est chargée de régler les litiges entre élus et Poste, a, lui aussi, expédié un courrier à tous les maires pour connaître leur sentiment. Les réponses sont claires : les guichets, tout le monde veut les garder, à la campagne comme en ville (voir par ailleurs). On s'en serait un peu douté.
De quoi émouvoir le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, qui a reçu mardi, à Paris, tous les présidents des commissions postales ? Sans doute pas. Face aux réalités économiques, à la modernisation indispensable pour affronter la concurrence et à la volonté de Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, de faire de l'opérateur postal « un leader européen du courrier », les protestations du Var - ou d'ailleurs - risquent de peser bien peu. « Tout ça est d'une simplicité évangélique, la logique d'un système enclenché depuis longtemps vers la privatisation », résume, philosophe, Pierre-Yves Collombat, sénateur (PS) et président de l'association des maires ruraux. Il se fait depuis longtemps l'écho des interrogations des élus. L'opposition, promet-il, débattra pour atténuer les effets de cette loi. Mais sans trop d'illusions. D'autant que le gouvernement veut faire vite : le texte n'aura droit qu'à une seule lecture. Et risque de passer... comme une lettre à La Poste.

(source:Caubry@varmatin ,paru le 10 Septembre 2009)

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