jeudi 4 mars 2010

La Poste : La bataille continue

La Poste  : la bataille continue


Alors que la transformation de La Poste en société anonyme entrait en vigueur hier, le comité contre la privatisation appelle à poursuivre l’action, et les grèves de postiers se multiplient.

La privatisation commence, mais la bagarre pour s’y opposer n’est pas terminée pour autant. C’est en substance le message du Comité national contre la privatisation de La Poste, qui organisait hier, date du changement de statut de l’entreprise publique en société anonyme, un rassemblement aux abords de l’Élysée. Le collectif regroupant les syndicats de La Poste et une soixantaine d’associations et partis de gauche avait demandé à être reçus par le président de la République pour lui remettre une pleine camionnette de feuilles d’émargement de la votation du 3 octobre dernier, qui avait vu 2,3 millions de personnes s’exprimer contre la privatisation. Face au refus présidentiel, une délégation de militants devait simplement porter les documents aux services de l’Élysée.

« La réalité est tout autre »

« Le gouvernement et la direction de la Poste voudraient faire croire à l’opinion publique et aux postiers que tout sera définitivement plié avec le vote de la loi. La réalité est tout autre », a déclaré au micro Hervé Tellier, de la CGT FAPT, mentionnant les « multiples actions et grèves des postiers et postières, les actions diverses des élus et de la population », ainsi que la votation citoyenne. Dans un entretien à l’AFP ce week-end, le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, déclarait en effet, presque provocateur, que le changement de statut est un « heureux dénouement », que « la page est tournée », et que « le climat social à La Poste par rapport à ce débat n’a jamais été très tendu ». Selon lui, « il y a eu un certain nombre de mouvements sociaux qui n’ont jamais pris une ampleur importante ». Et « l’essentiel des postiers » – dont il ose se faire le porte-parole  ! – seraient « beaucoup moins préoccupés par ce changement de statut que par les enjeux et l’avenir de La Poste et du courrier face à l’avènement de la société numérique ».

les conflits locaux se multiplient

En attendant la société du tout-virtuel, les facteurs voient le poids de leurs sacoches augmenter au fil des suppressions massives d’emplois, et les conflits locaux se multiplient contre ces « réorganisations » qui font bel et bien partie du processus de privatisation. Le chiffre n’est pas officiel, mais « à partir des données sur le droit syndical, on a su que l’effectif total de La Poste avait baissé de 4,2 % en 2009, ce qui correspond à 11 000 suppressions de postes », déplore Régis Blanchot, de SUD PTT. Aux guichets, la situation est critique, « on verra bientôt des bureaux annexes fermés certains jours parce que l’agent a été appelé pour un remplacement au bureau principal », estime le syndicaliste. Au courrier, la direction prétexte la baisse du volume du courrier pour tailler dans les effectifs. Résultat, les facteurs doivent se remplacer entre eux en cas d’absence, les tournées s’allongent et le travail devient infaisable dans le temps imparti, d’où des heures supplémentaires non payées.

En janvier à Paris, les facteurs des 20e et 15e arrondissements ont gagné par la grève le maintien de respectivement deux et cinq emplois. À Argenteuil (Val-d’Oise), 44 des 65 facteurs du bureau de distribution en étaient hier à leur 20e jour de grève pour des réembauches. En novembre, la direction a supprimé 22 emplois, les facteurs se sont retrouvés à 65. « Ils n’y arrivent plus, ils font chaque jour des heures supplémentaires pour distribuer tout le courrier, et la direction refuse de les payer sous prétexte de la règle orale du “fini parti” », explique Sébastien Velasco, secrétaire départemental de la CGT FAPT. Les heures supplémentaires sont censées être compensées par les jours où le facteur termine avant l’horaire. « Mais dans les faits, ils ne partent jamais plus tôt, ils croulent sous le travail », dénonce le militant. Le service en prend un coup aussi, car, faute de personnel, des tournées sont supprimées certains jours. La direction locale a déjà cédé sur cinq embauches, mais les grévistes en demandent neuf. Ces prochains jours, les facteurs d’autres villes du département pourraient se mettre en grève pour les mêmes motifs  : des préavis ont été déposés à Bezons, L’Isle-Adam, Groslay, Deuil-la-Barre, Saint-Gratien et Garges-lès-Gonesse.

Paru le 2 mars 2010
( Source: L'Humanité)

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