mercredi 16 juin 2010

Marseille: Tentative de suicide à la Banque postale

Tentative de suicide à la Banque postale : "Mardi, j'ai craqué"


Evelyne Murer, salariée de la Banque postale à Marseille, a tenté de se suicider sur son lieu de travail en début de semaine.


Évelyne Murer est gestionnaire de services au réseau à la Banque postale. Âgée de 61 ans, elle a tenté de se suicider sur son lieu de travail mardi dernier.


"Je suis en possession de tous mes moyens intellectuels. Je suis discriminée et harcelée depuis deux ans. La première année, en 2009, je me suis battue et j'ai obtenu que la commission paritaire remonte ma note qui était très en dessous de mes compétences, toujours reconnues jusque-là. Mais cette année, je me suis découragée devant tant d'injustice et de coups bas..."

C'est par ces mots qu'Evelyne Murer, âgée de 61 ans, a entamé la lettre qu'elle a envoyée mardi à la direction de la Banque postale. Dans les instants qui ont suivi, un peu après 11 heures, elle a avalé le contenu de quatre boîtes d'un calmant. Secourue par ses collègues du centre financier de Marseille, elle a été transportée aux urgences de l'hôpital de La Timone. Allongeant ainsi la liste, déjà longue, des salariés qui ont tenté de se suicider sur leur lieu de travail ou à cause de leur travail, parce que mal dans leur peau. Le cas d'Evelyne n'est pas ordinaire. Ne serait-ce que parce qu'à peine sortie de l'hôpital, elle a décidé d'entamer une grève de la faim. "J'ai commencé ma carrière à La Poste en 1968. Je suis fonctionnaire. Je n'ai jamais refusé de bouger, de changer de service, de faire des choses nouvelles. On est toujours venu me chercher. J'ai toujours été fière de cela. Et puis d'un coup, c'est devenu différent. On s'est mis à parler de réorganisation, on nous a trimbalés d'un endroit à un autre, d'un étage à un autre. Parfois, c'est tout juste si on se dit bonjour. Je suis fatiguée".

Pourquoi ne pas arrêter, faire valoir ses droits à la retraite, avec à ses côtés son mari René, un ancien cadre de la grande distribution ? "Parce que j'ai élevé mes trois enfants et que j'ai dû m'arrêter de travailler pour cela. Je n'ai pas tous mes trimestres. Je veux être indépendante et donc poursuivre encore un peu", répond Evelyne. Puis d'ajouter : "Vous ne le savez peut-être pas, mais en travaillant au-delà de 60 ans, la retraite annuelle augmente de 5%. Ca m'intéresse".

Bosseuse, Evelyne n'en démord donc pas. "On dit plein de belles choses sur les seniors. Mais moi, on fait tout pour que je parte. J'ai pourtant demandé des aménagements. Mais on ne m'a rien dit. Tout le monde autour de moi a su, moi je n'ai eu que des rumeurs. Elles disent qu'on veut me transférer d'une plate-forme téléphonique ou je reçois près de 100 appels par jour, ce qui est déjà difficile pour moi, à une autre de clientèle. C'est humiliant tout ça".

Mal dans sa peau, le sentiment d'être devenue inutile dans sa tête, Evelyne se reproche même d'avoir eu un problème de santé en 2004 et d'autres par la suite. Par deux fois, chez elle, elle a flirté avec le suicide. La tentative de mardi, sur son lieu de travail, sonne l'alarme et montre combien elle est devenue fragile. "Je ne suis pas la seule. Cette restructuration qui touche le plus important centre financier de France, elle fait peur. Mardi, j'ai craqué".

Paru le 13.06.2010
(Source: La Provence)

" L'insoumise"

1 commentaire:

Valembois de Lépigny a dit…

Faut il une bonne raison pour mourir là où il n'y a aucune raison de vivre ?? (N.Clerc)
Serge Valembois de Lépigny,Marseille