lundi 31 mai 2010

Retraites : la borne des 65 ans sera aussi relevée

Retraites : la borne des 65 ans sera aussi relevée


Eric Woerth a confirmé que l'âge du taux plein, fixé à 65 ans aujourd'hui, serait relevé en même temps que l'âge légal du départ à 60 ans. Et que le décalage se ferait au rythme d'un trimestre par an.

C'est désormais officiel. La réforme des retraites que le gouvernement prépare entraînera un recul de l'âge légal, fixé à 60 ans depuis 1983, mais aussi un recul de l'âge du taux plein, qui est à 65 ans depuis 1945. 60 ans, c'est l'âge minimum à partir duquel on peut prendre sa retraite, à condition d'avoir suffisamment cotisé (40,5 annuités en 2010). 65 ans, c'est l'âge auquel on peut liquider ses droits sans décote quel que soit le nombre d'années cotisées. Le ministre du Travail a confirmé vendredi sur RTL que les deux bornes d'âge évolueraient en parallèle. « L'âge, c'est en fait une fourchette. Aujourd'hui, c'est 60 et 65, a expliqué Eric Woerth. Ces fourchettes bougeront évidemment. » Concrètement, si l'âge légal est décalé de trois ans, à 63 ans, il en sera de même pour la deuxième borne, qui passera de 65 à 68 ans. Dans « Libération », le ministre a aussi précisé que le relèvement se ferait à raison d'un trimestre par an : 60 ans et un trimestre en 2011, 60 ans et six mois en 2012, etc.

Si le gouvernement a pris la décision de bouger les deux bornes, c'est que cela génère beaucoup plus d'économies. A l'horizon de 2020-2030, un tiers des économies avancées par le Conseil d'orientation des retraites en cas de relèvement de l'âge légal serait lié à la modification de la borne de 65 ans, deux tiers pour la borne de 60 ans. Et la part de la deuxième borne croîtrait encore ensuite.

Déjà hostiles au relèvement de l'âge légal, les syndicats sont vent debout face à cette annonce. « Ce sont les femmes et tous les salariés qui ont eu des carrières morcelées qui seront les plus pénalisés », s'est exclamé François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT la semaine dernière dans « Les Echos ». Sur les départs de 2008, un peu plus de 15 % des salariés du privé ont dû attendre d'avoir 65 ans pour liquider leurs droits. Ils étaient inactifs la plupart du temps et n'avaient pas les annuités requises. « Il s'agit en grande partie de personnes ayant une durée validée insuffisante pour obtenir une pension à taux plein et qui attendent d'avoir 65 ans pour y accéder du fait de cette condition d'âge », souligne une étude de la Drees.

Les femmes sont surreprésentées : 24,1 % des assurées du régime général sont parties à 65 ans ou plus tard en 2009 contre 16,5 % des hommes. Repousser la deuxième borne les obligerait à attendre encore plus longtemps. Sur la génération née en 1943, 76 % des femmes parties à 65 ans avaient cotisé moins de 35 ans, malgré l'apport des majorations de durée d'assurance pour enfants. A long terme, argumente le gouvernement, ce sera de moins en moins vrai, car les carrières des femmes se sont rapprochées de celles des hommes. A l'horizon de 2050, l'écart entre les sexes serait totalement comblé et même inversé, sous l'effet des majorations.

Paru le 31.05.2010
(Source: Les Echos)

"L'insoumise"

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