vendredi 10 septembre 2010

Retraites: inflexible sur les 62 ans...

Retraites: inflexible sur les 62 ans, Fillon n'exclut pas certaines «adaptations»


Deux jours après l'importante mobilisation dans la rue contre la réforme des retraites, François Fillon s'est livré jeudi soir à un exercice de pédagogie pour tenter d'inverser le rapport de force, sans bouger d'un iota sur son contenu, y compris sur le report de l'âge légal.

Pendant une demi-heure dans l'émission "A vous de juger" sur France 2, le Premier ministre a défendu pied à pied le texte débattu à l'Assemblée nationale et notamment le passage de 60 à 62 ans, comme l'avait déjà fait Nicolas Sarkozy en Conseil des ministres mercredi.

Au passage, il a affirmé que le véritable chef d'orchestre de la réforme était le président de la République tout en renouvelant son soutien au ministre du Travail, Eric Woerth, qui n'a «pas commis de faute» dans l'affaire Bettencourt et ce au lendemain d'une visite des policiers au siège de l'UMP.

L'opposition est aussi restée sur un mode offensif. «La réforme de François Fillon est la réforme du Medef» (patronat), a fustigé Ségolène Royal, porte-voix du Parti socialiste, qui s'exprimait après le Premier ministre. L'ex candidate à la présidentielle a «solennellement» promis que, face au «camp des irresponsables», le PS rétablirait la retraite à 60 ans en cas de victoire en 2012.

L'allongement de l'âge légal, qui cristallise aussi la fronde des syndicats, est «au coeur de la réforme», conditionne «l'équilibre des régimes de retraite» et permet de sauver le système par répartition, a plaidé François Fillon en réponse à «l'inquiétude des Français» qu'il «comprend parfaitement».

«La réforme que nous proposons, elle est très raisonnable, elle s'inscrit dans une continuité après celles de 1993 et de 2003» qu'il avait lui-même conduite, a affirmé le Premier ministre devant ministres et cadres de l'UMP.

A plusieurs reprises pour justifier les choix du gouvernement, François Fillon s'est appuyé sur les exemples de pays européens où, selon lui, «le débat se fait entre 65, 66 et 67 ans». Il a aussi souligné que la réforme n'était pas «définitive» et qu'il faudrait «faire évoluer les choses» au fil de son application.

Collant au plus près du projet de loi, quitte à être très technique, le Premier ministre a critiqué les propositions de l'opposition et particulièrement une plus forte taxation des revenus financiers. «Faire trop appel au capital, c'est exposer nos concitoyens à avoir des baisses de pensions», a-t-il ainsi estimé. Il s'est déclaré persuadé que cette réforme serait «intégrée dans l'héritage socialiste».

François Fillon a fort à faire si l'on en croit un sondage BVA pour Canal+. 80% des Français estiment que la journée de mardi a été «plutôt un succès» et pour 55% d'entre eux, le gouvernement doit désormais reculer sur le report de l'âge légal. De quoi encourager la colère des syndicats.

Dopés par leur succès de mardi, ils ont appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 23 septembre et ce malgré les aménagements annoncés mercredi par Nicolas Sarkozy mercredi sur les carrières longues et la pénibilité.

Sur le plateau de France 2, les n°1 de la CGT Bernard Thibault et de la CFDT François Chérèque ont campé sur leurs positions. Le premier n'a pas vu un Premier ministre «fondamentalement convaincu par sa démonstration», déplorant ses «contre-vérités» et «comparaisons mensongères».

Les invités se sont succédé sans se parler, contrairement à la tradition dans ce genre d'émissions sur des sujets aussi brûlants. Bernard Thibault et François Chérèque ont refusé de débattre avec le ministre du Travail, relégué en fin d'émission, estimant que le seul interlocuteur valable était le chef de l'Etat.

(Source AFP)

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