dimanche 12 juillet 2009

Les facteurs de Carros poursuivent la grève

Article paru le 11 juillet 2009
france
Les facteurs de Carros poursuivent la grève . La Poste . Une décision de justice défavorable n’empêche pas la mobilisation d’entrer dans sa cinquième semaine.Le juge des référés du tribunal de grande instance de Nice a rendu, hier après midi, une décision défavorable aux 21 facteurs de Carros et de Saint-Martin-du-Var (Alpes-Maritimes) auxquels leur direction reprochait d’avoir pris la parole pour expliquer les raisons de leur grève déclenchée le 15 juin dernier dans divers bureaux de poste et centre de tri. Dans ses attendus, Françoise Alliot-Théniot, qui, lors de l’audience, avait ouvertement souhaité que « quelqu’un prenne sa place » (l’Humanité du 5 juillet), estime que l’action de La Poste est fondée et fait « interdiction aux salariés non protégés, en grève, de se rendre dans des locaux de La Poste où ils ne sont pas affectés » sous peine de 100 euros d’amende par infraction constatée. La vice-présidente du TGI de Nice précise néanmoins que l’action collective des grévistes est licite dès lors qu’elle se déroule à l’extérieur de ces locaux ou dans des locaux de La Poste non destinés au travail telle une cantine.
Mais, en substance, la magistrate retient que lorsqu’un gréviste parle à un non-gréviste sur un lieu de travail qui n’est pas ordinairement le sien, il crée un « dommage imminent » punissable. Pour Me Catherine Cohen-Seat, avocate des 21 facteurs poursuivis et des syndicats, cette décision, « pour le moins alambiquée », fonde une jurisprudence sur laquelle des patrons d’entreprises de toutes tailles pourraient facilement s’appuyer pour tuer dans l’oeuf chaque mouvement gréviste qui chercherait légitimement à s’étendre. Pour contrer ce coup vicieux porté à l’exercice du droit de grève, les facteurs de Carros et leur conseil envisageaient dès hier de faire appel de la décision du juge niçois.
Une décision défavorable au mouvement gréviste qui ne décourage pas pour autant les facteurs, mobilisés depuis bientôt un mois. « C’est dur financièrement car nous n’avons plus de salaire et des familles font maintenant appel au - Secours populaire. Heureusement, 4 000 euros de solidarité ont été collectés, ce qui nous permet de tenir », explique Jean-Louis Fiori, responsable de la section syndicale CGT des facteurs. Hier, la grève a d’ailleurs été reconduite pour une semaine supplémentaire, ne serait-ce que pour protester contre le fait que la direction « n’a rien de nouveau à proposer ». Les grévistes se tiennent prêts cependant à renouer le fil des négociations dès lundi.
(Philippe Jérôme : L'humanité )

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