mardi 4 août 2009

La modernité , le stress

Pour gagner en productivité, La Poste ferme ses centres de tri classiques au profit d’usines « ultramodernes », au détriment des conditions de travail.
Elles fleurissent sur tout le territoire, incarnant la « modernité » tant recherchée par une direction de La Poste en voie de privatisation. « Elles », ce sont les PIC, pour « plates-formes industrielles de courrier », gigantesques usines de tri du courrier, qui, depuis 2004, remplacent progressivement les anciens centres de tri départementaux, fermés au fur et à mesure. Dix-huit sont déjà en service, pour un objectif d’une quarantaine en 2012. À leur sujet, La Poste multiplie les superlatifs : ce sont les « PIC » les plus modernes d’Europe, dotées des machines de tri « les plus modernes du monde ». Cerise sur le gâteau, il s’agit d’une « modernisation conduite avec les agents et qui leur offre des conditions de vie au travail renouvelées ».
Une chose est sûre, les PIC permettent de supprimer des emplois, chez les agents de tri mais aussi chez les facteurs dont elles effectuent le travail de préparation des tournées. Au total, la CGT estime que les PIC et le plan Facteurs d’avenir (restructuration des tournées), auront permis entre 40 000 et 50 000 emplois sur sept ans. Quant aux conditions de travail, elles sont certes « renouvelées », mais pas améliorées. Implantées loin des centres-villes, les PIC ont allongé les temps de trajet des agents. Et la mécanisation a intensifié le travail. En 2004, la première PIC a ouvert à Gonesse (Val-d’Oise), regroupant l’activité et une partie des personnels de dix arrondissements de Paris. « La direction affirmait que les machines allaient améliorer nos conditions de travail, se souvient un agent reclassé de Paris à Gonesse. Mais à la PIC, on a découvert la fatigue nerveuse, le stress. Il y a beaucoup plus d’arrêts de maladie et de dépressions ».
Pour cet agent, le stress résulte d’un cocktail de facteurs. « La PIC n’est pas à échelle humaine, c’est comme une usine, il n’y a plus de convivialité. Chacun travaille seul derrière des machines de 60 mètres de long qui font du bruit, on ne se parle presque plus. Souvent, on se dit bonjour à la fin des huit heures de service. » La nature du travail a changé. « Avant, on triait à la main. L’effort était continu sur les huit heures, on allait vite mais on pouvait souffler de temps en temps. Maintenant, on est tributaire de la cadence de la machine. Les problèmes de troubles musculo-squelettiques se sont multipliés. » Le stress résulte aussi d’un management plus dur : « Depuis la PIC, chacun est évalué individuellement, il y a des objectifs à atteindre. En parallèle, nos chefs ont eu la consigne de s’éloigner de nous, d’être moins en familiarité, pour avoir plus d’autorité. »
(source: L'umanité)

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