jeudi 6 août 2009

Pas de progrès social sans service public

Conseil d’Administration du 29 juin 2009 - N° 143
La Poste a besoin de rénover son service public et non de privatisation
Au lendemain des élections européennes, La Poste fait l’objet d’un grand battage médiatique orchestré par l’Etat et les dirigeants de La Poste eux mêmes. Chacun joue sa partition mais l’objectif est le même : accréditer l’idée auprès des postiers et de la population que tout est décidé et qu’il n’y a pas de stratégie alternative possible. D’un côté, le ministre Luc Chatel déclare que le Président de la République avait décidé le changement de statut de La Poste et l’ouverture du capital, pour aussitôt tenter de rassurer : « elle restera 100% publique avec la CDC, rien ne change pour le personnel, le J+1 sera assuré et la distribution 6 jours sur 7 aussi » !... Est bien pauvre celui qui ne peut pas promettre : l’intéressé n’est déjà plus en responsabilité de La Poste ! Au moment même, on apprend que la ministre de l’Economie travaille à tirer la CDC vers le privé !... Alors que le gouvernement annonce une sortie de crise pour début 2010, de son côté, La Poste lance une campagne alarmiste sur le courrier qui selon ses estimations accuserait une baisse qu’elle n’hésite pas à qualifier de « structurelle » de 30% d’ici 2015 ! Alors que chacun sait que La Poste est liée corps et bien à l’économie, à sa croissance comme à sa décroissance. Cette propagande vise à utiliser la crise pour peser sur l’état d’esprit des postiers afin de tenter de faire passer un plan draconien d’économies de 1 milliard d’€ supplémentaire qui conduirait à une baisse drastique de la masse salariale et une flexibilité et productivité accrues avec l’objectif d’afficher des bénéfices records pour rendre La Poste attractive pour sa privatisation. La Poste n’appartient pas au pouvoir politique ou à une frange dirigeante. Elle est la propriété des concitoyens, des usagers, des élus, des postiers qui la font au quotidien et génèrent la confiance qu’elle inspire. Elle occupe une place prépondérante dans la vie économique, politique, sociale et culturelle. C’est pourquoi la population ne peut être écartée des choix déterminants pour son avenir. Le Gouvernement doit prendre ses responsabilités et organiser un référendum national sur la question au lieu d’engager la procédure d’urgence en tournant ainsi le dos à la démocratie mais cela démontre qu’il sait qu’il ne gagnerait pas. Déjà avec La Poste ils sont isolés puisque toutes les organisations syndicales se sont prononcées contre le projet de loi tant au CTP de La Poste qu’au Conseil Supérieur de la Fonction Publique. Isolés à tel point que le ministre a convoqué toutes les OS de La Poste pour tenter de peser sur leur appréciation, en pure perte ! Raison de plus pour se mobiliser encore davantage et plus nombreux en tant que postiers, usagers, élus et préparer une action nationale unitaire d’envergure à la rentrée pour un service public postal moderne et rénové.
L’Etat se comporte comme un bon actionnaire
En 2008 l’Etat a empoché 141 millions d’€ de dividendes. En 2009, à nouveau 106 M€ soit 20% des bénéfices réalisés ! Parallèlement, il se désengage de ses devoirs vis-à-vis de la collectivité, à savoir le financement des missions de service public pourtant signées entre lui et La Poste via le contrat de service public 2008-2011. L’Etat doit plus 800 M€ à La Poste au titre de 2008 et cela dure depuis plusieurs années. ? Aménagement du territoire : coût 380 M€ environ, l’Etat ne « lâche » que 141 M€ en exonérant La Poste de la Taxe Professionnelle (et jusqu’à quand ?) ?Presse : l’Etat a payé seulement 242 M€ en 2008, les éditeurs pas plus, La Poste, elle, supporte 450 M€ !!! ?Accessibilité bancaire : Le gouvernement a banalisé le livret A, mais La Poste est la seule à avoir l’obligation d’ouvrir un livret A à tous ceux qui ne peuvent prétendre à un compte en banque. Le coût de cette obligation : 96 M€ par an avait été avancés mais cela doit faire en réalité plus car le dernier rapport financier de La Poste parle de 280 M€ !!L’Etat devrait prendre cette charge à son compte, mais à ce jour : rien ! De plus, l’Etat a sommé La Poste de participer pour 600 M€ au plan de relance gouvernemental Et on voudrait nous vendre l’ouverture du capital pour un besoin d’un peu plus de 2 milliards d’€ ?
La libéralisation des Postes européennes ? on connaît.
Les pays les plus engagés dans la voie de libéralisation ont vu la concurrence faciliter « l’écrémage » du marché postal rentable, risquant ainsi de mettre en péril l’opérateur historique avec des conséquences désastreuses sur la qualité de service rendu mais aussi sur la déqualification du travail, l’augmentation du temps partiel et des durées de travail atypiques avec intensification des cadences. ? Royal Mail a enregistré sa première perte d’exploitation (3 millions d’euros) en 2007 ! ? TNT aux Pays Bas : le nombre d’emplois à temps plein chute de 40 à 24 000 ! Un distributeur de courrier gagne 11€ de l’heure s’il est couvert par une convention collective, sinon cela peut aller jusqu’à 5€ et moins !! Peut on parler encore de « salaire » ? ? En Suède le nombre de salariés est passé de 12 000 à 6 900 ! ? En Allemagne, Deutsche Post privatisée, on a assisté à une réduction moyenne des salaires de 30% et à la suppression de 21 000 emplois à temps plein et 12 000 emplois à temps partiel !
A part cela, rien ne change !
· L’intéressement pour les Postiers n’intéresse pas La Poste !
2009 : 20% des bénéfices 2008 pour l’actionnaire ; RIEN pour les POSTIERS ! Le Président de La Poste pense que « c’est normal que l’actionnaire de l’entreprise bénéficie du versement d’un dividende ! » A notre sens, ce qui serait normal, c’est que ce soit les postiers qui, en priorité, bénéficient des résultats de leur travail ; eux qui, malgré les difficultés du quotidien, continuent à avoir la confiance des usagers !!! et que c’est à eux, seuls, que La Poste doit ses 529 millions d’€ de bénéfices en 2008. Le tout dans un contexte de conditions de vie et de travail dégradées, de réorganisations permanentes et de suppressions massives d’emplois : 7 700 en 2008. En guise de remerciement RIEN … mais 106 millions € pour l’Etat C’est un choix injuste et lamentable … mais très politique ! Dans une « entreprise » où l’Etat est le seul vrai décideur, nous sommes loin des déclarations très médiatiques du Président de la République sur le partage en trois tiers de la valeur ajoutée ! Au contraire, largement soutenue par les administrateurs représentant l’Etat La Poste ne voulait pas entendre parler d’intéressement en 2009 … et persistait dans une attitude de blocage, à l’image de celle sur les négociations salariales.
C’était sans compter le mécontentement exprimé de plus en plus fort dans de plus en plus de services.
La Poste a été contrainte de remettre le dossier de l’intéressement sur le tapis pour la période 2009 / 2011. Les actions impulsées par la CGT, notamment avec sa pétition exigeant le versement de 400 €, ont pesé dans l’évolution de la situation revendicative … mais chacun le sait, La Poste est revancharde. Ainsi, les critères d’évolution de la qualité de service, l’évolution du nombre de « clients actifs », sont rehaussés par rapport au précédent accord. Critères auxquels s’ajoutent ceux du développement responsable. Autant dire qu’avec une base de 150 € par agent (déjà bien insuffisante) et modulée proportionnellement au degré d’atteinte des différents paramètres du budget, déclencher les conditions d’intéressement va relever du parcours du combattant. Pour la CGT, l’accord proposé vise à intégrer les postiers aux objectifs stratégiques et politiques de La Poste tout en payant le moins possible leurs efforts quotidiens. C’est à sa façon ce que confirme, l’un des représentants de l’Etat qui juge cet accord plus incitatif que le précédent. Edifiant !
Pour les administrateurs CGT, outre leur appréciation sur les modulations salariales, de telles conditions d’attribution sont inacceptables ; c’est pourquoi nous avons voté « contre » …
Et nous avons été les seuls !
· Part variable du Président et du Directeur Général : Transparence 0
Pour la 1ère fois, cette question a été mise sur le tapis en CA et soumise au vote ! Loi oblige ! De 2001 à 2008, suite aux scandales des rémunérations exorbitantes des dirigeants des plus grandes entreprises, un besoin de transparence s’est exprimé et une série de lois a vu le jour, sans toutefois remettre en cause les questions de fond. La crise a accentué le tollé général et l’Etat a annoncé vouloir mieux « encadrer les rémunérations des principaux dirigeants » (comme s’il était possible de « moraliser le capitalisme » !). D’où la loi TEPA du 21 août 2007 qui précise que « le rapport de gestion décrit en les distinguant les éléments fixes, variables et exceptionnels composant ces rémunérations et avantages ainsi que les critères en application desquels ils ont été calculés… ». C’est à cet exercice que devait se livrer le CA du 29 juin à travers le vote d’une résolution remise sur table. Le CA n’a eu connaissance que du pourcentage de la part variable et non de la part fixe, en sachant que les parts variables ne pourront dépasser respectivement 60% de la rémunération fixe pour le Président et 50% pour le Directeur Général (y’a pas d’justice !). Motus sur leurs rémunérations fixes et autres primes et avantages. Motus sur la situation des dirigeants de La Poste qui participent aux CA & Comités d’Entreprises des filiales du Groupe qui ne cessent de se multiplier. Et nous sommes toujours « dans l’opacité absolue » pour ceux qui sont dans le « top ten » des salaires à La Poste. Quant « aux critères » ils sont fonction de l’objectif du changement de statut de La Poste, de l’évolution des charges et de la masse salariale, du taux de mobilité des personnels !! Pour toutes ces raisons alors que dans le même temps on nous explique « droits dans les bottes » qu’il n’y aura pas d’intéressement, les administrateurs CGT ont refusé d’avaliser cette mascarade de dite « transparence » en refusant de participer au vote.
NB : La chose dont nous sommes certains c’est que les 10 rémunérations les plus élevées ont augmenté de 74% en 7 ans, et sont dans une fourchette de 3 631 000 € (bilan social 2008). Il va falloir moraliser tout cela en effet, et sans aucun doute, nous en occuper tous pour mettre en échec leurs projets.
Les administrateurs CGT ont déposé 7500 signatures contre la privatisation de La Poste sur la table du conseil d’administration le 29 Juin. Certains en ont perdu le sourire. Alors on continue. Rendez-vous au CA du 27 Août.
Suite de ce conseil dans la lettre n°143bis
CGT FAPT

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