mardi 18 août 2009

A La Poste les apprentis n'ont pas à y gagner

Politique -
( Article paru le 14 août 2009 )


politique / social - économie
À La Poste, les apprentis n’ont pas à y gagner
Précarité . À Paris, la CGT dénonce le recours aux apprentis et aux jeunes en contrat de professionnalisation, pas toujours recrutés à l’issue de leur formation.Prétendre « former » pour embaucher à prix cassés ? La colère gronde chez les facteurs de la capitale. Hier, devant le centre de distribution du courrier dans le 14e arrondissement à Paris, la CGT a dénoncé les fausses promesses de La Poste à l’égard de ses apprentis et de ses jeunes en contrat de professionnalisation. Et cela, alors qu’elle s’emploie déjà à recruter de nouveaux jeunes dans ces contrats très avantageux pour elle en septembre prochain. Les chiffres, délivrés hier lors d’une conférence de presse, sont éloquents : en septembre dernier, le service public postal, qui risque d’être transformé en société anonyme à la rentrée si le gouvernement réussit à imposer ses vues, a embauché à Paris 56 apprentis. Fin juillet, ils n’étaient plus que 34 et aucune explication n’a été donnée par La Poste sur la raison de leur départ. Pour les postiers, le doute plane et l’orage gronde alors parmi les apprentis : malgré des avis favorables, seuls cinq ont la garantie d’être intégrés aux structures de La Poste, alors que six autres ont été mis dans un « vivier » : expression polie pour dire, selon les syndicalistes CGT, qu’ils n’auront aucun contrat. Même régime en ce qui concerne les « contrats pro » : 70 ont été embauchés à l’automne sur Paris. Et aujourd’hui, il n’y en a que 11 qui ont l’assurance d’avoir un emploi à l’issue de leur formation ; une poignée d’autres se sont vu proposer des postes en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne et seize ont été renvoyés dans le « vivier ». Trois autres jeunes attendent encore leur sentence : La Poste, qui devait prendre en charge leur permis, a déclaré forfait et les facteurs solidaires payent l’addition. Sur son site Internet, La Poste certifie pourtant que 80 % des apprentis ont un emploi à la fin de leur formation. Y a peut-être pas marqué La Poste, mais y a surtout pas marqué la vérité !
Au revoir, les chiffres et bonjour, les conditions de travail ! Les apprentis, payés à moins de 61 % du SMIC, supportent deux tournées en une seule journée sans heures supplémentaires comptabilisées, et doivent aussi renoncer à leur cycle de repos. « La Poste préfère faire appel à des boîtes d’intérim et accumule les CDD, déclare Michel Lannez, secrétaire départemental CGT des services postaux. Chaque fait ou geste est susceptible de convocation devant le directeur de l’établissement et la pression faite aux employés de n’importe quel niveau est considérable. Il faut faire du chiffre d’affaires et ce quelle que soit la fonction exercée, sinon on se fait incendier. » Pour Philippe, facteur à Paris Brune, « la Poste a changé d’orientation, on est maintenant des commerciaux ». Un exemple concret : la vente des timbres de Johnny Hallyday qui valent 0,56 euro et que les postiers doivent vendre à 1,49 euro pour « allumer le feu ». En fait, c’est La Poste qui met le feu aux poudres et continue, toujours selon les syndicalistes, de s’enfoncer dans une démarche de rentabilité maximale poussant les guichetiers à « arnaquer » les utilisateurs en leur proposant des produits plus coûteux pour un même service. « On a basculé dans l’excès, s’indigne Michel Lannez. À La Poste, tout est bon pour arriver à ses fins ! »
(source:Mathilde Flauss-Diem. L'humanité)

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